ANALYSE : L’exploitation forestière industrielle dans la forêt boréale canadienne n’est pas durable et accélère le changement climatique

Le système d’approvisionnement de P&G se rend complice de la destruction de l’une des dernières forêts intactes au monde

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WASHINGTON (Mercredi 7 avril 2021) ­– Une nouvelle analyse démontre que l’exploitation forestière à grande échelle dans la forêt boréale canadienne n’est pas durable, malgré les affirmations des entreprises forestières qui y opèrent et des sociétés américaines qui achètent des pâtes et papiers de la forêt boréale. Le NRDC (Natural Resources Defense Council) a constaté que les activités d’exploitation forestière industrielle mettent en danger la forêt boréale, essentielle pour le climat, et portent atteinte au droit des peuples autochtones de dire comment leurs territoires traditionnels doivent être gérés.   

« Les pratiques d’approvisionnement de puissantes entreprises endommagent certaines des dernières forêts intactes du monde et mettent en danger les droits des peuples autochtones et les espèces, » a déclaré Courtenay Lewis, gestionnaire de la politique en matière d’écosystèmes pour le projet Canada du NRDC et co-auteure du rapport. « Les fabricants américains comme P&G qui achètent de grandes quantités de pâte à bois à ces entreprises sont complices de la perte de la forêt boréale au profit d’une exploitation non durable, et de la menace que cela représente pour le climat mondial. »

L’exploitation forestière industrielle au Canada est à l’origine de la coupe à blanc de plus d’un million d’acres chaque année dans la forêt boréale riche en carbone, qui stocke près de deux fois plus de carbone que les réserves pétrolières mondiales et près de deux fois plus de carbone par acre que l’Amazonie. Les provinces canadiennes ont donné à l’industrie une énorme marge de manœuvre pour couper à blanc des volumes importants de la forêt restante du pays et n’ont pas rendu compte de manière adéquate des émissions climatiques associées à l’exploitation forestière, ce qui a amené le Canada à se classer régulièrement, avec le Brésil et la Russie, parmi les trois plus grands contrevenants mondiaux en matière de perte de paysages forestiers intacts. 

L’analyse du NRDC est fondée sur l’approvisionnement en bois par les usines de trois entreprises - Produits forestiers Résolu, Domtar et Aditya Birla Group - au Québec et en Ontario. Le NRDC a constaté que ces entreprises d’exploitation forestière industrielle s’approvisionnent en bois à des niveaux alarmants dans des zones où les normes forestières sont faibles et ne garantissent pas les protections essentielles en matière d’environnement et de droits de la personne. En outre, une quantité importante de bois est prélevée dans des unités forestières qui chevauchent l’habitat menacé du caribou boréal.    

Les conclusions du rapport du NRDC révèlent notamment les faits suivants :  

  • Ensemble, ces trois entreprises ont fourni en un an une quantité de bois qui, si elle était convertie en planches de 2" x 4", représenterait sept fois la distance entre la Terre et la Lune.
  • Les répercussions de l’industrie augmentent dans les zones vulnérables. Par exemple, depuis 2013, l’empreinte de l’exploitation forestière dans une unité forestière de 2,5 millions d’acres critique pour les espèces menacées a augmenté de plus de 430 %.  
  • Aucune des entreprises ne s’est publiquement engagée à exiger le consentement donné librement au préalable en connaissance de cause des peuples autochtones potentiellement touchés par les activités forestières fournissant du bois aux usines des entreprises.  
  • Ces entreprises utilisent dans la vaste majorité des cas des systèmes de certification dominés par l’industrie pour s’approvisionner dans des forêts où se trouvent des habitats d’espèces menacées. 

« On ne peut pas voir la forêt si l’on ne pense qu’aux arbres. Le gouvernement canadien et l’industrie prétendent que la plantation de jeunes arbres là où se trouvaient les forêts signifie qu’il n’y a pas de dommages à long terme, mais aucune plantation d’arbres ne rend durable la coupe à blanc des forêts intactes du Canada, » a déclaré Anthony Swift, directeur du projet Canada du NRDC.

Les entreprises américaines sont complices de la dégradation de la forêt boréale et menacent l’autodétermination des Autochtones lorsqu’elles achètent des produits du bois sans confirmer la durabilité de leurs chaînes d’approvisionnement. P&G, par exemple, utilise de la pâte de bois vierge provenant de la forêt boréale pour fabriquer le papier hygiénique Charmin et d’autres produits en papier à usage unique. Inquiets des conséquences de l’approvisionnement dans la forêt boréale sur le climat et les droits de la personne, une écrasante majorité des actionnaires de P&G ont demandé à l’entreprise, l’automne dernier, de rendre compte de la façon dont elle entend éliminer la déforestation et la perte de forêts intactes de ses chaînes d’approvisionnement.  

« P&G a fait face à une véritable révolte de 67 % de ses investisseurs votants qui ont envoyé le message que l’échec de l’entreprise à protéger les communautés, les forêts et le climat mondial à travers sa chaîne d’approvisionnement est inacceptable. Pourtant, P&G continue de faire des déclarations fallacieuses sur la durabilité de ses pratiques d’approvisionnement. La voie du leadership et de la responsabilité est claire pour P&G; le monde attend des changements concrets, » a déclaré Shelley Vinyard, directrice de la campagne corporative sur la forêt boréale au NRDC et co-auteure du rapport « Issue With Tissue » (La problématique du papier hygiénique) du NRDC, qui examine les répercussions du secteur américain des papiers mouchoirs sur la forêt boréale canadienne.  

Au nombre des recommandations du NRDC à l’industrie, on retrouve :   

  • Exiger le consentement donné librement au préalable en connaissance de cause des peuples autochtones concernés et soutenir les initiatives de conservation menées par les Autochtones; 
  • S’approvisionner à 100 % en bois provenant de forêts certifiées par le Forest Stewardship Council et bénéficiant de mesures de protection rigoureuses;   
  • Soutenir les efforts visant à préserver la forêt boréale non perturbée, y compris l’habitat du caribou boréal;   
  • Remplacer la pâte provenant de forêts vierges par des solutions de rechange plus durables, comme le papier recyclé.   

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