Nouveau rapport : Les objectifs climatiques du Canada compromis par une « faille dans l’exploitation forestière »

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WASHINGTON (16 juillet 2020) ­– Selon une nouvelle analyse publiée aujourd’hui par Nature Canada, Environmental Defence Canada et le NRDC (Natural Resources Defense Council), les objectifs climatiques ambitieux du Canada sont menacés par une « faille dans l’exploitation forestière » qui permet à l’industrie forestière de raser la forêt boréale riche en carbone, libérant ainsi des émissions qui ne sont ni correctement comptabilisées ni réglementées par la loi actuelle. « The Logging Loophole: How the Logging Industry's Unregulated Climate Emissions Undermine Canada's Climate Goals » (La faille de l’exploitation forestière : comment les émissions climatiques non réglementées de l’industrie forestière compromettent les objectifs climatiques du Canada) souligne les lacunes importantes de la politique et les mesures que le gouvernement canadien devrait prendre pour empêcher que les opérations d’exploitation forestière et les émissions de carbone ne sapent le leadership du Canada en matière de climat.

« La “faille dans l’exploitation forestière” du Canada permet à l’industrie forestière d’échapper à l’examen des lourdes répercussions qu’elle a sur la forêt boréale, essentielle pour le climat. Même l’industrie canadienne des combustibles fossiles est soumise à une réglementation plus stricte sur son incidence climatique que l’exploitation forestière industrielle, qui accélère les changements climatiques et entrave l’un des plus grands alliés naturels du climat dans le monde », a déclaré Jennifer Skene, auteure du rapport et avocate de Projet Canada du NRDC.

Les sols, les arbres, les mousses et les tourbières denses en carbone de la forêt boréale canadienne lui confèrent une valeur unique et mondialement reconnue pour le climat, car elle stocke près de deux fois plus de carbone que toutes les réserves mondiales de pétrole récupérable, et près de deux fois plus de carbone par acre que l’Amazonie.

« La protection de nos forêts fait tout autant partie de la réalisation de nos objectifs climatiques que la régulation des combustibles fossiles. Mais actuellement, le gouvernement canadien ne surveille pas suffisamment les incidences climatiques de l’industrie forestière, sans parler de la mise en place de réglementations et d’incitations qui permettraient de minimiser les dommages causés au climat. Si le Canada veut respecter ses engagements en matière de climat, nous devons imposer des normes plus respectueuses du climat à l’industrie forestière », a déclaré Dale Marshall, directeur du programme climatique national à Environmental Defence Canada.

« Le Canada est en mesure de jouer un rôle de chef de file dans la recherche de solutions climatiques fondées sur la nature qui permettront de protéger notre précieuse faune et le climat mondial, mais le secteur de l’exploitation forestière nuit à ces efforts. Les Canadiens et le monde entier ont besoin que le gouvernement prenne des mesures efficaces pour protéger la valeur climatique de ses forêts afin de garantir une planète vivable pour les générations futures », a déclaré Graham Saul, directeur général de Nature Canada.  

Les groupes ont exhorté le gouvernement canadien à prendre les mesures suivantes pour combler la faille dans l’exploitation forestière : 

  • Comptabiliser l’intégralité des émissions de l’industrie forestière

Le Canada s’est engagé à ne produire aucune émission nette d’ici 2050, conformément aux recommandations internationales en matière de climat. Toutefois, en sous-estimant les émissions de l’exploitation forestière industrielle et en les exemptant de toute réglementation, le Canada pourrait gravement compromettre cet engagement. Il est essentiel de comptabiliser toutes les répercussions de l’exploitation forestière industrielle pour que le Canada puisse atteindre ses objectifs internationaux en matière de climat. 

  • Réglementer les émissions de l’industrie forestière 

Le gouvernement canadien devrait intégrer les émissions de l’exploitation forestière dans son programme national de tarification du carbone dans le cadre de la Loi sur la tarification de la pollution causée par les gaz à effet de serre. Cette réglementation inciterait les gouvernements provinciaux et l’industrie à adopter des pratiques de gestion forestière respectueuses du climat qui réduisent les effets sur le carbone stocké dans l’écosystème et améliorent la régénération. 

  • Protéger les forêts encore intactes

Le gouvernement du Canada s’est engagé à protéger 30 % de ses terres et de ses eaux intérieures d’ici 2030. Avec moins de 10 % des réserves de carbone de la forêt boréale actuellement protégées, le Canada doit faire de la protection des régions intactes dans ses forêts gérées un élément central du respect de ces engagements. Bien que les 3 milliards de dollars canadiens que le Canada consacrera sur dix ans à la plantation d’arbres et à la restauration des forêts soient importants, la plantation d’arbres ne permet pas à elle seule d’atténuer les dommages causés par la coupe à blanc des forêts intactes.

  • Privilégier la gestion des terres par les Autochtones

Des droits fonciers autochtones robustes sont non seulement essentiels à l’autodétermination et à l’autonomisation des Autochtones, mais ils sont également corrélés à une meilleure protection du carbone forestier et à des écosystèmes forestiers plus sains, y compris une plus grande biodiversité. Le gouvernement canadien a pris des mesures initiales positives pour soutenir les dirigeants autochtones, notamment en finançant un réseau pilote de gardiens autochtones et jusqu’à 6727 initiatives de protection menées par des Autochtones. Bien que ce financement soit important, il ne représente qu’une fraction de ce dont les communautés autochtones ont besoin pour sauvegarder leurs territoires traditionnels et gérer les forêts boréales encore intactes.

Lien vers le rapport : « The Logging Loophole: How the Logging Industry's Unregulated Climate Emissions Undermine Canada's Climate Goals » (La faille de l’exploitation forestière : comment les émissions climatiques non réglementées de l’industrie forestière compromettent les objectifs climatiques du Canada)

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